Les êtres humains sont avant tout des êtres sociaux qui ont besoin d'interaction avec d'autres. Donc, ce n'est pas surprenant que les sciences de l'information et de la communication émergent en tant que science humaine et sociale (Dacheux, 2004). De ce fait, l'épistémologie de ces derniers est souvent contestée. Par conséquent, il y a divers paradigmes et théories qui surviennent pour falsifier les recherches en communication.
Dans le contexte de mon cours de Théories des Communications, on étudie différents paradigmes qui font des études dans le domaine de la communication. Puis, en faisant un retour sur les aspects épistémologiques et théoriques des paradigmes on acquiert une meilleure compréhension sur les savoirs scientifiques qui ont établi et formé ces derniers. En d'autres mots, les recherches dans le domaine de la communication sont fondées sur des théories basées sur des savoirs scientifiques qui sont développées à l'intérieur d'un paradigme. Un paradigme est un modèle d'étude d'un concept. Chaque paradigme fait ceci différemment. La communication est un processus complexe et pour cette raison il y a différents paradigmes qui tentent d'expliquer le processus. Selon Kuhn, un paradigme est un ensemble d'orientations, d'attitudes, d'objets et de méthodes qu'une communauté de chercheurs, à une époque donnée, considère comme valable (Cloutier, 1997).
En regardant le contexte sociohistorique et géographique des théories, on peut mieux comprendre le rôle et la fonction qu'ils ont joués dans le développement des recherches en communication.
Ce texte va développer en profondeur les divers paradigmes et théories essentielles dans le domaine de la communication.
Le but de ce dernier est de démontrer la contribution du rationalisme, du relativisme, du modèle d'information de Shannon et Weaver, du modèle de Dacheux et de la théorie systémique dans le domaine de la communication.
Karl Popper: le rationaliste
Karl Popper: le rationaliste
Karl Popper développe la théorie de la rationalité. Ce dernier est un ensemble cohérent d'hypothèses falsifiables traduisant la réalité (Popper, 1973). En d'autres mots, un savoir objectif fondé sur des énoncées falsifiables et justes, c'est-à-dire des faits qui sont mis à l'épreuve et résiste au temps. Pour lui, quelque chose est vrai jusqu'à ce qu'on trouve quelque chose de nouveau qui le contredit. Par exemple, la croyance que la Terre était plate a été un fait accepté par la société jusqu'à ce qu'il soit contredit, d'abord lorsque Galilée découvre que la Terre est en fait ronde (Astropolis, 2011). Ainsi, on peut donc dire que Popper croie que quelque chose est soit universellement vrai ou faux, aucun négociation ou doute possibles.
Ce qui nous mène à voir les limites que pose le rationalisme. D'abord, la réalité change toujours donc même si un fait a était prouvé vrai, cela ne veut pas garantir qu'il va rester vrai pour toujours. Ensuite, il est difficile de développer des théories purement objectives puisque les chercheurs qui les dirigent sont par nature guidés par la subjectivité. Enfin, la définition de la réalité peut être contestable puisque chaque personne ne partage pas la même perception. Notamment, chaque personne a un vécu différent, et ce vécu va former sa perception du monde.
Paul Feyerabend : le relativiste
Paul Feyerabend, étudiant de Popper, élabore sa propre théorie qui diffère radicalement de celui de son enseignant. Sa théorie du relativisme est fondée sur le savoir idéologique (Feyerabend, 1979).
Il démontre que les théories et le savoir scientifique sont subjectifs, car tout est relatif puisque la perception du monde est produite en fonction du contexte psychosociologique d'un individu. C'est-à-dire, le savoir dépend de la personne en question et de son vécu. Donc, un fait n'est pas objectif, mais relatif. Feyerabend fait voir que « toutes les théories sont provisoires » et que « la science n'est qu'une tentative d'explication » (Feyerabend, 1996).
Popper vs. Feyerabend
Les théories sont des moyens pour organiser notre réalité. Dans le domaine de la communication, il y a et doit avoir une diversité de ces derniers puisque chaque théorie a sa propre façon de comprendre et d'organiser les données qui font partit de la réalité. De même, chacun entre eux voit les choses de leur propre façon.
De ce fait, le paradigme relativiste, en tant que théorie, a une meilleure façon de voir et expliquer la réalité. D'abord, il prend en considération qu'il n'y a pas de fait brute puisqu'un fait est relatif au contexte. Par exemple, si tu demandes à deux personnes de différentes cultures de décrire ce qu'est un chien, un étant Canadien et l'autre Coréen, tu vas avoir des réponses qui se diffèrent l'un de l'autre. Étant donné qu'ils sont de différentes cultures, la réalité des deux individus n'est pas pareille. Le Canadien voit un chien comme un compagnon puisque sa société caractérise un chien comme un animal domestique. Tandis que le Coréen voit un chien comme du manger puisque la viande de chien est un fait culturel pour lui.
Modèle de Shannon et Weaver
Shannon et Weaver envisagent la communication comme une transmission d'informations. D'abord, ils développent un modèle qui démontre la communication comme étant un modèle linéaire simple. Pour eux, la communication est une suite d'échanges entre émetteur et récepteur, qui s'inversent tour à tour (Winkin, 1996).
Ce modèle est mené par Shannon durant la Seconde Guerre mondiale pour étudier le brouillage qui se produit avec les lignes télégraphiques. Par la suite, Weaver modifie la notion pour appliquer ce modèle de base à la communication entre deux parties (Wehenkel, 2008).
En premier lieu, l’émetteur est celui qui produit un message. En d’autres mots, il est la source de l’information. En deuxième lieu, le transmetteur transforme le message en signaux supporté par le canal. En troisième lieu, le canal est le support de la transmission du message, soit sous forme physique ou technique. Par exemple, les fils téléphoniques. En dernier lieu, le récepteur est la destination qui reçoit et décode le message. Soit une personne ou une machine. (Winkin, 1996)
Voici ci-dessous une image qui illustre ce modèle.
Comme on peut voir, l'émetteur envoie au récepteur un message codé qu'il doit ensuite décoder. Ce dernier peut être affecté par des bruits extérieurs qui peuvent perturber le message (Moch, 2011). Dans le cas des nouvelles technologies, un bruit peut être la perte de signal pour un téléphone portable ou même la friture durant un appel vidéo sur Skype.
L'approche de Dacheux
En premier lieu, l’émetteur est celui qui produit un message. En d’autres mots, il est la source de l’information. En deuxième lieu, le transmetteur transforme le message en signaux supporté par le canal. En troisième lieu, le canal est le support de la transmission du message, soit sous forme physique ou technique. Par exemple, les fils téléphoniques. En dernier lieu, le récepteur est la destination qui reçoit et décode le message. Soit une personne ou une machine. (Winkin, 1996)
Voici ci-dessous une image qui illustre ce modèle.
Comme on peut voir, l'émetteur envoie au récepteur un message codé qu'il doit ensuite décoder. Ce dernier peut être affecté par des bruits extérieurs qui peuvent perturber le message (Moch, 2011). Dans le cas des nouvelles technologies, un bruit peut être la perte de signal pour un téléphone portable ou même la friture durant un appel vidéo sur Skype.
L'approche de Dacheux
En lisant ces définitions, on réalise que la communication ne peut pas être réduite simplement à deux personnes qui parlent face à face. Ces derniers donnent un sens différent au même terme, ce qui permet d'articuler divers aspects de la communication. Ce qui est un exemple de la polysémie.
Dacheux apporte à la recherche en communication une démarche de synthèse (Dacheux, 2004). Or, en limitant la recherche à une seule caractéristique de la communication, on suscite à une analyse plus exhaustive.
Alors, Dacheux propose une démarche synthétique en partant de trois éléments fondamentaux : la pragmatique, la médiologie et la cybernétique (Dacheux, 2004). Ces éléments facilitent la démarche de synthèse. D’abord, il faut premièrement utiliser un multiple d’outils pour mieux comprendre la complexité de l’objet d’étude. Ainsi, les chercheurs doivent s’assurer que leur cadre d’analyse évite la dilution du concept de la communication (c’est-à-dire la polysémie) et n'évalue pas seulement l’une des composantes du concept de la communication (c’est-à-dire une relation asymétrique).
De plus, Dacheux tente d'expliquer la délocalisation de la communication et voir les nouvelles façons de communiquer. Pour faire cela, il propose d’éviter les modèles classiques. Il justifie ce choix en exprimant que les observateurs « perturbent l'observation » du fait que la simple présence des observateurs influence les actions du sujet (Dacheux, 2004, p. 62). En effet, il ne faut pas oublier la présence de l'observateur puisqu'il fait autant partie de la recherche que le sujet. Comme mentionnées plus haut, nos pensées sont influencées par notre contexte personnel. Donc, l'observateur est naturellement guidé par la subjectivité puisque sa perception est fondée sur son vécu. De ce fait, Dacheux propose donc que l'observateur, au lieu de simplement observer, devrait s'impliquer à la recherche.
De même, Dacheux critique les approches qui articulent une relation asymétrique entre communication et interaction, spécifiquement il cible le modèle de Shannon et Weaver que nous avons vu plus haut.
Comment est-ce que les apports de Feyerabend modifient-ils la vision épistémologique de la communication selon Dacheux?
Tout d'abord, Dacheux exprime l'importance de regarder l'implication de l'observateur ainsi que le sujet puisque chaque personne a une perception propre à eux qui a été structurée par son vécu. Ceci démontre la complexité d'observer le social.
Donc, Dacheux soulève les apports de Feyerabend qui disent qu'il n'y a pas de fait brut. Ainsi, il faut regarder à l'ensemble des éléments lorsqu'on observe une situation puisque tout est relatif.
Comment est-ce que l'apprentissage du modèle télégraphique de Shannon et Weaver enrichit l'idée des relations asymétriques entre communication et information?
D'abord, le modèle télégraphique de Shannon et Weaver enrichit l'idée des relations asymétriques entre communication et information. Ce modèle met l'accent seulement sur le contenu et non le sens du message.
Ceci évoque l'exemple de l'ordinateur Watson qui a participé au jeu télévisé de Jeopardy (Leduc et Audet, 2011). Étant donné que les machines ne voient pas la signification d'un message, Watson répond aux questions par des données statistiques et non par l'évaluation du sens.
Le modèle de Shannon et Weaver réduit le concept de la communication à l'une de ses composantes, celle du partage d'information. Ce que ce modèle n'inclut pas est la sémantique du message, c'est-à-dire la signification ou le sens (Dacheux, 2004). La sémantique est une composante importante à la communication puisqu'elle permet au récepteur de bien saisir l'information qu'il reçoit. De telle sorte qu'il peut comprendre les deux niveaux du message.
Par exemple, au début du vidéo-clip suivant on voit le personnage principal (le récepteur) recevoir une information d'un autre (l'émetteur) qu'il est incapable de traiter puisqu’il ne comprend pas le sens de l’information reçue.
Comme on peut voir, l'information n'est pas bien transmise puisque le récepteur n'a pas compris que le message était une blague. Donc simplement transmettre de l'information n'est pas suffisant pour communiquer, il faut avoir l'aspect sémantique qui accompagne l'information pour que le message soit bien compris. Notamment, le récepteur doit être capable de décoder le sens de l'information transmît afin de comprendre le message.
Donc, ce qui manque du modèle de Shannon et Weaver est une forme de rétroaction pour assurer que le message a été bel et bien compris. Comme Dacheux a bien exprimé, « la communication n'est pas la transmission d'un message, mais la co-constitution incertaine d'une signification. » (Dacheux, 2004). Ainsi, le fait d'être silencieux avec les bras croisés durant une réunion peut transmettre le message que tu ne veux pas être présent sans avoir à le dire. Donc, le partage d'information n'est pas nécessaire pour transmettre un message, parfois il suffit d'avoir la signification du message.
Ce modèle porte attention des lacunes au niveau du canal, mais ne considère pas ceux au niveau de l'émetteur et du récepteur (Moch, 2011). C'est-à-dire la sémantique du message. Alors, le modèle de Shannon et Weaver démontre une relation symétrique de la communication puisqu'il énonce que la communication est la transmission de l'information et que sans l'information il n'y a pas de communication (Benoît, 1995).
Compte tenu de l'exemple qui précède, on sait que cela n'est pas vrai, car l'information n'est pas essentielle à l'existence de la communication. Justement, le non verbal peut transmettre efficacement d'autant ou même plus un message que les paroles le peuvent (Benoît, 1995).
Ainsi peut-on dire qu'il existe une relation asymétrique entre la communication est l'information du fait qu'il est possible de communiquer sans l'information, mais l'information ne peut pas être transmît sans la communication (Dacheux, 2004).
Approche systémique
En 1948, Norbert Wiener développe la théorie systémique de la cybernétique, la science qui étudie les mécanismes de régulation de la communication des humaines et des machines (Marc, 1998).
Nous avons vu plus haut que le premier modèle de la communication, celui de Shannon et Weaver, considère la communication comme un transfert d'information d'un émetteur vers un récepteur à partir d'un code commun. Ainsi, l'approche systémique va complexifier ce modèle en s'appuyant sur les principes fondamentaux suivants.
Premièrement, cette théorie présente une vision circulaire de la communication en introduisant la notion de la rétroaction (feed-back), ce qui est l'information que l'émetteur reçoit du récepteur afin de vérifier si le message saisi correspond au message anticipé.
Deuxièmement, tout est communication, c'est-à-dire la communication ne peut pas être réduite aux paroles, il y a aussi le non verbal.
Troisièmement, le contexte influence le contenu de la communication.
Dernièrement, les messages ont toujours deux niveaux de signification, d'une part le contenu informatique, d'autre part le contenu sémantique (Marc, 1998).
Enfin, ce modèle ajouté des éléments supplémentaires au modèle de Shannon et Weaver afin de mieux expliquer le phénomène complexe de la communication.
Le domaine de la communication
Pour tout dire, ces théories ont été la source de plusieurs avancements dans le domaine de recherche en communication. Celle-ci continue à se développer avec l'apparition de nouveaux théoriciens qui introduit de nouvelles théories basées sur leur observation des rapports sociaux complexes qui se modifient constamment.
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Sources :
ASTOPOLIS (2011). « Biographie de Galilée - inventeur de la lunette astronomique », Biographies des grands astronomes, Réf. du 25 septembre 2011, http://www.astropolis.fr/articles/Biographies-des-grands-savants-et-astronomes/Galilee/astronomie-galileo-galilei-galilee.html.
BENOÎT, Denis (1995). « Communication et information », Introduction aux sciences de l’information et de la communication, Paris, Éditions d’Organisations, p.24-25.
CLOUTIER, Denise (1997). « Paradigme », Non-linéarité et nouveau paradigme de la psychosociologie, Réf. du 25 septembre 2011, http://www.er.uqam.ca/nobel/spa/non-linearite/paradigme.html.
DACHEUX, Eric (2004). La communication : éléments de synthèse, Communication et langages. no. 141, 3e trimestre. p. 61-70
FEYERABEND, Paul (1979). Contre la méthode, Paris, le Seuil.
FEYERABEND, Paul (1996). Dialogues sur la connaissance, Paris, le Seuil.
LAROUSSE (2011). « Definition : communication ». Dictionary French Larousse:, Réf. du 25 septembre 2011, http://www.larousse.com/en/dictionnaires/francais/communication/17561.
LEDUC, Louise et Isabelle AUDET (2011). « L’ordinateur Watson, maître de Jeopardy », Cyberpresse – Arts, Réf. du 27 septembre 2011, http://www.cyberpresse.ca/arts/television/201102/16/01-4371014-lordinateur-watson-maitre-de-jeopardy.php.
MARC, E. (1998). Palo Alto : l'école de la communication. Dans Cabin, P. (coordinateur), La communication, état du savoir. Auxerre Cedex (France): Éditions Sciences Humaines, p. 131-134.
MOCH, Olivier (2011). « Les modèles de communication », Communication, Réf. du 25 septembre 2011, http://olivier-moch.over-blog.net/article-les-modeles-de-communication-72295675.html.
POPPER, Karl (1973). La logique de la découverte scientifique, Paris ; Payet.
WEHENKEL, Louis (2008). « Théorie de l’information et du codage », Information, Réf. du 25 septembre 2011, http://www.montefiore.ulg.ac.be/~lwh/Info/.
WINKIN, A. (1996). Anthropologie de la communication. Paris: Éditions du Seuil, p. 27-53
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